Fiche technique
Observatoire des maladies du bois en Charentes
Depuis plus de 20 ans (1993), un suivi annuel des symptômes de maladies du bois, eutypiose et esca, est réalisé par la Station Viticole du BNIC sur son réseau régional de 55 parcelles d’Ugni blanc, représentatif du vignoble de Cognac. C’est le même réseau qui sert aux contrôles de maturation avant vendange de la filière Cognac. Plus de 1000 ceps (20 par parcelle), toujours les mêmes, sont suivis chaque année, permettant une vision précise de la dynamique de ces maladies sur une longue période.
Cette fiche technique fait le point sur l’expression de ces maladies lors de la campagne 2015. Pour l’eutypiose, le taux moyen de ceps touchés est de 10,1% en 2015, soit à peu près le double de 2014. Il retrouve des valeurs proches de celles constatées en 2009, 2010 et 2012. Aucune explication ne peut être avancée, car le printemps 2015 est plutôt sec, à part le mois de mai dont le cumul pluviométrique est conforme aux normales. A l’inverse de l’eutypiose, l’esca s’exprime beaucoup moins en 2015 (4,5%) qu’en 2014 (8,6%). Elle se situe à des niveaux proches de ceux constatés en 2008, 2009 et 2011. Là encore il est difficile d’expliquer ce constat : la succession d’une période pluvieuse mi-juin et d’une période chaude (fin juin / début juillet) aurait pu, d’après les données bibliographiques, provoquer une forte sortie de symptômes.
Ces évolutions opposées de l’eutypiose et de l’esca entre 2014 et 2015 rappellent celles constatées globalement sur le long terme, même si l’année 2012 sort de ce cadre.
De plus, on observe en 2015 une forte augmentation du taux de pieds jeunes (entreplantés) ou recepés dans les parcelles de l’observatoire. Ces pratiques, associées au renouvellement du vignoble, stabilisent le taux de pieds morts et absents autour de 9%. Ceci se traduit par une progression significative du taux de pieds improductifs (19,4%). Ce dernier devrait diminuer dans le temps au fur et à mesure de l’entrée en production des entreplants, à condition que la mortalité annuelle n’augmente pas et que le rythme d’entreplantation se maintienne.
Ces constats incitent à continuer de considérer l’eutypiose comme une maladie de dépérissement majeure au même titre que l’esca. Il met en évidence l’insuffisante compréhension des mécanismes d’expression des symptômes : la poursuite des observations au cours des prochains millésimes permettra d’enrichir les données à partir desquelles il sera possible d’éprouver les hypothèses sur l’expression des symptômes.
Vincent DUMOT, BNIC