Dépérissement du vignoble, état des lieux en Champagne
La notion de dépérissement, telle qu’elle a été définie lors du séminaire national en juillet 2015, désigne une baisse pluriannuelle subie de la productivité du cep voire sa mort prématurée, brutale ou progressive, liées à une multiplicité de facteurs biologiques ou environnementaux et de pratiques viticoles pouvant affaiblir la vigne sur la durée et/ou déclencher un processus qui s’avère irréversible en l’absence de moyens de lutte.
La Champagne n’est pas épargnée par ce phénomène. Les rendements, après avoir atteint un maximum en 2008-2009 en moyenne décennale, marquent depuis une baisse nette et régulière. Les causes sont multiples mais certaines sont plus importantes que d’autres. Contrairement aux autres vignobles, les maladies du bois ont un impact modéré sur la productivité du vignoble. En 2017, le taux de ceps symptomatiques Esca/BDA est de 0,9% toutes formes confondues. Ce chiffre est également celui de la moyenne décennale. La Champagne est l’un des vignobles les moins touchés en Europe par ce fléau majeur. Les viroses sont plus inquiétantes, le court-noué est la préoccupation principale des vignerons. Les zones historiques sont sinistrées avec des gradients de dégâts allant d’une perte de rendement modérée jusqu’à la mort de ceps. L’enroulement est également présent sur l’ensemble de l’appellation mais les impacts de cette virose sur la productivité sont plus difficiles à chiffrer.
Les facteurs environnementaux ne sont pas à négliger. Le réchauffement climatique augmente l’occurrence de situations avec déficits hydriques en période végétative. Ce déficit se traduit rarement par un stress hydrique sur la vigne, mais plutôt par un effet dépressif lié à une nutrition azotée déficiente. Ce phénomène a pour conséquence une baisse de la vigueur et de l’expression végétative des ceps. Enfin, les pratiques viticoles et l’entretien du vignoble ont un rôle prépondérant. L’âge moyen des vignes augmente, il est actuellement de plus de 30 ans contre 20 ans en 1998. Le taux de plantation de 1% enregistré en moyenne sur les dix dernières années est insuffisant pour limiter cette hausse. Le vieillissement du vignoble se traduit par une baisse de la productivité des ceps accentuée par des pratiques viticoles en pleine évolution. Les apports d’azote ont été divisés par deux en 20 ans et surtout, les changements de pratiques d’entretien des sols se traduisent par la présence d’un enherbement pendant la période végétative. Cet enherbement, dont les effets positifs en termes de limitation du botrytis et de l’érosion sont incontestables, a des conséquences directes sur le rendement des vignes. De manière générale, les vignes enherbées ont une vigueur et une expression végétative plus faibles.
La Champagne n’est pas une région épargnée par les dépérissements, mais les causes principales sont distinctes des autres vignobles. Les pratiques d’entretien des sols, l’âge moyen des vignes, et le court-noué sont les trois principaux facteurs. Les autres sont moins prépondérants, mais viennent aggraver une baisse de rendement qu’il faut absolument corriger pour assurer la pérennité et la productivité du vignoble.