Des ateliers participatifs riches d'enseignement
Le séminaire de Beaune a permis aux 130 chercheurs et techniciens de travailler ensemble pendant une matinée sous forme d'atelier de co-construction.
Des ateliers riches et productifs
Que sait-on sur les maladies du bois et sur dix autres facteurs de dépérissement ?
Parmi ces connaissances, que peut-on transférer de la recherche vers les viticulteurs, des viticulteurs entre eux ? Que manque-t-il pour bien travailler sur le terrain ? Sur toutes ces questions, les participants du séminaire ont pu échanger en petits groupes, associant chercheurs et techniciens. Au menu : virus de l’enroulement, gestion des observatoires, qualité des plants et taux de reprise, pratiques culturales, maladies émergentes, court-noué, fonctionnement du sol, longévité des parcelles, impacts socio-économiques et flavescence dorée.
Des acquis transférables
Tous les ateliers ont donné lieu à des échanges fructueux. Au final, plus de 300 contributions ont été recueillies. Plusieurs acquis récents, issus de questions de terrain, apparaissent transférables. À l’exemple des fiches de reconnaissance des cochenilles et des symptômes pour le virus de l’enroulement. Ces fiches sont venues répondre à une demande exprimée par les vignerons lors du projet GeEnvi. De nouvelles connaissances peuvent aussi être transférées à la pépinière viticole, comme l’approche moléculaire de la qualité des plants, les travaux sur les types de greffe… tout comme de nouvelles techniques d’analyses
pour les laboratoires. Au-delà des aspects techniques, cette séance d’ateliers a généré des rencontres et amorcé des pistes de travail en commun à l’avenir.
Besoin de méthodologie
Quelle forme prendront ces nouvelles collaborations ? Si des outils existent déjà, le besoin de méthodologie est avéré. L’intérêt d’organiser des ateliers d’échanges ou des rencontres entre chercheurs et viticulteurs, a été souligné.
Autre contribution partagée par l’ensemble des ateliers : la nécessité de coordination des différents travaux menés en région (essais, observations).
Le besoin de formation a aussi été mis en évidence. En filigrane, un nouveau mode de développement agricole se dessine.
Pour chaque atelier, voici ce qu’il fallait en retenir.
Améliorer la longévité des parcelles
Celle-ci est notamment liée à l’adaptation des cépages aux conditions climatiques. Le rôle des plaies de taille sur les flux de sève est désormais bien documenté et permet de mieux gérer la taille. Il manque encore des outils de diagnostic sur les parcelles pour estimer son niveau de dépérissement. Il est nécessaire également de mieux comprendre les effets cumulatifs d’évènements climatiques extrêmes sur la longévité.
Court-Noué
La recherche avance vite sur ce sujet notamment au travers du projet Vaccivine. Le repos du sol entre l’arrachage et la replantation est primordial pour endiguer le court-noué sur une parcelle. Des références techniques existent également pour « vivre » avec le court-noué (c’est d’ailleurs l’objectif du projet Jasympt). Des pistes de recherche et de réflexion ont été évoquées : quel est le nombre d’années de repos optimal avant la replantation ? comment fonctionne les plants hypovirulents ? quels sont les symptômes du court-noué pour chaque cépage ?...
Flavescence Dorée
Le projet Co-Act notamment a permis de réaliser le génotypage des phytoplasmes et a contribué au développement d’outils diagnostic. Des ateliers interrégionaux de concertation ont été menées pour identifier les leviers et verrous des systèmes de gestion. Cependant, les membres de cet atelier ont déploré le manque de coordination entre régions sur les systèmes de gestion et la nécessité de disposer d’outils fiables pour améliorer la détection sur le terrain. Des formations seraient nécessaires pour mieux connaître les particularités d’expression des symptômes sur les cépages.
Fonctionnement du sol
Des référentiels techniques existent sur le sujet et des formations permettraient à chacun de mieux comprendre le fonctionnement du sol. De nombreuses perspectives ont été proposées sur cette thématique : le développement d’outils d’aide à la décision, l’affinage de préconisations spécifiques pour une vue analytique globale, la réalisation de diagnostics de pré-plantation…
Gestion des observatoires
Dans toutes les régions, de nombreuses bases de données existent et un recensement des différents observatoires est actuellement réalisé. Pour plus d’inter-opérabilité entre ces différentes bases, des freins ont été identifiés comment le rapprochement des données avec celles du CVI, l’homogénéisation de certains protocoles de collecte des données ou encore les notions de propriété intellectuelle des données.
Impacts socio-économiques
A l’échelle macro-économique, le coût global des dépérissements est désormais connu. Son impact au niveau de l’exploitation reste difficile à chiffrer. Des outils d’aide à la décision existent comme ceux du BIVB ou du BNIC et permettent de mieux gérer le renouvellement du vignoble. Les réseaux de viticulteurs apportent également leur pierre à l’édifice en construisant des « normes locales » sur les impacts socio-économiques des dépérissements. Ces réseaux permettent d’ailleurs la diffusion de nouvelles pratiques dans la gestion des dépérissements. De très nombreuses initiatives de formation et des rencontres entre techniciens et chercheurs ont été citées au cours de l’atelier.
Le programme de recherche Décidep devrait permettre prochainement de mieux mesurer les impacts technico-économiques des dépérissements en croisant de nombreuses données techniques acquises sur le terrain.
Maladies du bois
La modélisation des maladies du bois a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la maladie et notamment son aspect multifactoriel. De très nombreuses connaissances académiques existent sur les maladies du bois mais elles restent fragmentées. La gestion des manquants et les techniques de lutte contre les maladies du bois (curetage, recépage, regreffage) sont désormais bien connues sur le terrain. Elles ne sont pas adaptées à toutes les situations mais apportent des premières réponses. De nombreuses questions de recherche perdurent pour mieux comprendre le fonctionnement global de ces maladies notamment la séquence chronologique entre les contaminations et l’expression des symptômes qui restent très variables d’une année sur l’autre.
Maladies émergentes
GPGV et Xylella Fastidiosa sont des maladies émergentes. Des tests de détection sur insectes existent et les connaissances disponibles sur ces maladies sont diffusées sur le terrain. Le développement d’observatoires participatifs pourrait contribuer à une meilleure connaissance de ces maladies et permettrait d’améliorer le suivi épidémiologique de ces nouvelles pathologies de la vigne. Le programme de recherche GPGV devrait contribuer à améliorer la connaissance de la maladie notamment par la réalisation d’une cartographie nationale.
Pratiques culturales
Les techniques curatives (recépage, curetage, regreffage) ont démontré leur efficacité dans la lutte contre l’Esca. La taille en respect des flux de sève montre également de bons résultats dans la prévention de l’apparition des symptômes. Ces techniques sont désormais bien diffusées sur le terrain, notamment sous formes de formation.
Des questions de recherche restent en suspens : que se passe-t-il dans la plante après le curetage ? Quelles sont les différentes techniques de curetage ? Quel est l’impact de la mécanisation sur le dépérissement ? Comment améliorer les gestes de taille pour qu’ils soient le moins impactant sur le dépérissement tout en respectant les décrets d’appellation ?
Qualité des plants et taux de reprise
Au cours de ces dernières années, la filière vin a pris conscience de l’importance de son amont : pépiniéristes et viticulteurs travaillent désormais de manière plus étroite. Parallèlement, la filière pépinière se professionnalise. Cependant le taux de réussite au greffage reste encore trop aléatoire et fluctuant. S’il est acquis que la diminution de l’oxydation des bois permet d’améliorer le taux de réussite au greffage, des questions restent posées comme la callogénèse, les liens entre qualité de la greffe et rendement du greffage et la mise en place de bioindicateurs qui permettraient de fiabiliser les process de production. Le programme de recherche Origine doit contribuer à apporter des réponses à ces questions.
Virus de l’enroulement
Les vignes mères sont désormais mieux protégées contre le virus de l’enroulement grâce à un traitement insecticide. Au vignoble, l’arrachage des parcelles reste efficace s’il est coordonné avec ses voisins.
Des groupes de viticulteurs se constituent pour mieux connaître les symptômes et apprendre à les reconnaitre. Les prospections du vignoble fournissent des informations intéressantes et permettent de mieux comprendre la maladie. Elles seront complétées prochainement par des tests de détection rapides sur le terrain. Le programme GeEnvi travaille sur ces aspects.