La sécheresse inhibe les symptômes folilaires de l'esca
Tous les viticulteurs l’ont déjà remarqué : l’expression des symptômes d’esca observée sur les parcelles n’est pas la même selon les millésimes. Les chercheurs de l’Inrae Bordeaux ont étudié ce phénomène en essayant de le lier à l’état physiologique des ceps de vigne. Ils ont travaillé sur les conséquences du déficit en eau causé sur la sécheresse et non sur l’impact de températures importantes.
Afin d’étudier l’apparition des symptômes d’esca sur des ceps potentiellement malades, les chercheurs ont transplanté ces derniers en pots. Cinquante-et-un ceps de Sauvignon blanc, âgés de 30 ans, initialement plantés au domaine Inrae de la Grande Ferrade, poussent désormais en pots dans des serres afin que tous les paramètres climatiques puissent être contrôlés. Les plants sont répartis en deux groupes soumis à des conditions de sécheresse importantes ou, a contrario, à une alimentation hydrique suffisante. Les conditions de sécheresse imposées aux plants, modérées à sévères, entrainent la fermeture des stomates mais ne sont pas mortelles.
Durant deux ans, les chercheurs observent que les ceps placés dans des conditions de sécheresse n’expriment aucun symptôme d’esca. Cette observation souligne que l’état physiologique du cep de vigne (baisse du potentiel hydrique et fermeture des stomates lors de sécheresses) est un facteur clé pour l’expression de ces symptômes. Par conséquent, le déficit en eau du sol ne déclenche pas l’expression des symptômes d’esca comme cela a pu être envisagé. A contrario, les plantes ayant reçu une alimentation hydrique optimale ont présenté des symptômes foliaires dans les mêmes proportions que celles de leur parcelle d’origine.
L’expression des symptômes foliaires d’esca pourrait donc être favorisée par les conditions climatiques stimulant le transport d’eau (transpiration) des ceps de vigne : une disponibilité en eau du sol non limitante et des températures plutôt élevées.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce constat inédit.
le manque d’eau pourrait directement inhiber l’activité des champignons parasites ou encore limiter le transport de molécules toxiques produites par les champignons. La sécheresse pourrait également avoir des effets sur les réponses de défense de la plante.
Cette étude va se poursuivre à travers de nouveaux programmes de recherche permettant de mieux étudier le rôle du climat sur l’expression des symptômes de l’esca. Avec ces nouvelles données, les viticulteurs pourront alors mieux adapter le choix des cépages aux conditions pédoclimatiques des parcelles.