Les avancées du projet Dep-Grenache !
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Rappel sur le projet
Pour rappel, le projet Dep-grenache lauréat en 2020, a pour objectif d'analyser le dépérissement du Grenache avec une approche globale. La première phase est d'évaluer les principales causes de dépérissement par rapport à des analyses terrain mais aussi des enquêtes auprès des vignerons de 3 caves coopératives. La deuxième phase est un focus sur les maladies du bois, pour mieux comprendre le comportement du Grenache vis-à-vis de ces dernières. Enfin, la dernière phase vise à évaluer les pratiques rajeunissantes d'un point de vue technique et économique.
Le comité de pilotage, composé des partenaires du projet et animé par Marion Claverie (IFV), s'est réuni fin juin. Les Chambres d'agriculture (Vaucluse, Drôme, Gard, Bouches-du-Rhône), le syndicat des vignerons des Côtes du Rhône, le syndicat des producteurs des Bois et Plants de Vigne du Vaucluse et les caves coopératives ont pu faire le point sur les principales avancées du projet en fin de 2ème année du projet.
Action 1
Les premières évaluations chiffrées du niveau de mortalité et des causes ont été effectuées sur 100 parcelles de 15 à 30 ans, sur 3 secteurs particuliers (Nord Vaucluse, Gard Rhodanien et Côteaux d’Aix). Plusieurs causes majeures de dépérissement sont présentes :
- Les maladies du bois, sans surprise, sont présentes quasiment partout avec des degrés très variables d’une parcelle à l’autre
- Le pourridié, présent sur environ ¼ des parcelles
- Le court-noué, même si ce n’était pas la cible principale de la démarche sur la tranche d’âge 15-30 ans.
- Les jaunisses n’ont quant à elles, heureusement, été rencontrées que ponctuellement, sur des ceps isolés, tout comme l’eutypiose.
Celles-ci couplées à des facteurs aggravant la mortalité : sécheresse, grosses plaies de taille.
L'enquête auprès des vignerons a été réalisée la deuxième année et des éléments intéressants sur leurs pratiques et l'historique sont ressortis :
- Le lien entre précédent cultural et pourridié n’est pas facile à analyser ; en revanche pour le court-noué, il ressort un net effet du précédent cultural : le court-noué a seulement été détecté sur 19% des parcelles dont le précédent n’était pas « vigne » contre 44% avec des parcelles de vignes précédemment.
- L’effet du porte-greffe sur la mortalité n’est pas forcément démontré nécessiterait des travaux complémentaires ;La vendange mécanique n’a pas eu d’effet sur la mortalité.
- L’ébourgeonnage a un effet bénéfique uniquement sur un réseau.
- L’effet éventuel de la prophylaxie sur les maladies du bois ne peut pas être démontré, en raison d’une homogénéité dans les pratiques.
Le même travail d'évaluation a été réalisé sur les vignes-mères du porte greffe 110R, dont les pépiniéristes se plaignent d’une mortalité accrue.
Action 2
Les deux années de suivi ont permis de confirmer le comportement particulier du Grenache vis-à-vis de l'esca-BDA en comparaison du témoin Cabernet sauvignon. Il est en effet bien connu que contrairement au Cabernet exprimant beaucoup de symptômes, le Grenache exprime peu de symptômes.
En revanche, le projet a montré que le Grenache montre des symptômes plus sévères, et que la probabilité de mortalité d’un rameau symptomatique de Grenache est bien plus élevée que celle d’un Cabernet.
Au bilan, le Grenache meurt tout autant, voire plus ! Ce qui explique que dans les entretiens avec les vignerons, ces derniers ne sont pas frappés par la présence d’esca-BDA dans leurs parcelles (par rapport à un Mourvèdre par exemple), alors qu’ils le sont souvent par la mortalité du Grenache…
Le lien entre expression des symptômes et effet "taille"/"vigueur" est également évalué tout au long de ce projet. Les premières années semblent indiquer qu'un lien avec la vigueur existe et qu'une perspective de gestion "type" pourrait être conseillée aux vignerons. L’année 2023 viendra préciser ou confirmer cela.
Action 3
De premiers résultats probants sont ressortis de l'évaluation des moyens de lutte contre les maladies du bois, mais ils restent à confirmer en année 3. Parmi ceux-là, la méthode de "recépage/curetage" (consistant à recéper le tronc et cureter seulement le point de greffe) semble intéressante à l’issue des 2 premières années de projet. Les taux de reprise des ceps recépés s’élèvent à 60-70% l’année suivante pour de faibles taux de retours de symptômes en comparaison des témoins non recépés qui réexpriment (et meurent) fortement. Les ceps recépés curetés sont ceux qui se comportent le mieux. La suite du suivi permettra de préciser à partir de quand la mortalité des témoins due au retour des symptômes va dépasser la mortalité des recépés (non redémarrés) et si le faible retour des symptômes se maintient sur les recépés.
L’autre moyen de lutte étudié est le type de taille. La taille mécanique réduit l'apparition des symptômes de maladies du bois d’un facteur 2 à 3 par rapport aux cordons et la non-taille à nouveau d’un facteur 2 à 3 par rapport à la taille mécanique. Plusieurs communications sur ce résultat issue de la première année du projet ont été réalisées (ajouter lien ??).
Ces résultats feront l'objet de communications spécifiques dans la presse technique ou spécialisée. Des restitutions auprès des vignerons des caves partenaires sont aussi prévues durant l’hiver.
En 2024, des actions de communication seront mises en place : participation à des PNDV Tour, en particulier dans le Sud-Est et un webinaire sera probablement proposé.