État des lieux du Bois Noir en Bourgogne
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Héloïse Mahé du pôle technique du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) a fait un état des lieux sur le Bois Noir lors du 4ème séminaire recherche du PNDV à Tours le 4 avril dernier.
La présence simultanée des deux jaunisses de la vigne en Bourgogne rend difficile la mise en œuvre d’une lutte efficace. Ce sont en effet les mêmes symptômes qui sont constatés pour la Flavescence Dorée et le Bois Noir : décoloration (rouge pour cépage noir et jaune pour cépage blanc), enroulement du feuillage, flétrissement des grappes, absence de lignification des bois.
Le mode de propagation de ces deux maladies est toutefois différent. La Flavescence Dorée est transmise de vigne à vigne par la Cicadelle Scaphoideus titanus via le phytoplasme Candidatus vitis. Le Bois Noir est transmis par un insecte hémiptère (Cixiide Hyalesthes obsoletus) via le phytoplasme Candidatus solani (stolbur). La propagation pour le Bois Noir ne se fait pas de vigne à vigne. Des orties ou des liserons à proximité des vignes peuvent constituer des réservoirs importants du phytoplasme du Bois Noir.
Seule la distinction par test PCR en laboratoire rend possible le diagnostic de ces maladies. On relève 39 communes touchées par la Flavescence Dorée en Bourgogne (+ 116 % en 3 ans). Le taux de positivité des tests est passé de 1 % en 2017 à 7 % en 2020, 4,5 % en 2021. On note que 97,5 % des tests réalisés sont positifs au Bois Noir en 2021.
Les efforts mis en œuvre pour la lutte contre la Flavescence Dorée deviennent insuffisants. La Flavescence Dorée est masquée par le Bois Noir. Dans les zones délimitées, la forte présence de jaunisses rend impossible l’arrachage obligatoire de tous les ceps symptomatiques. Dans les zones indemnes, au-delà des conséquences directes, le Bois Noir risque de masquer l’apparition de foyers de Flavescence Dorée.
Différents moyens peuvent être mis en œuvre pour la gestion de ces maladies et de leur propagation. La lutte collective et concertée est nécessaire. La mobilisation de tous les professionnels pour une gestion intégrée au vignoble est primordiale. La recherche et l’innovation est indispensable pour une lutte précise. L’utilisation d’outils numériques doit permettre d’améliorer la connaissance de la prévalence des symptômes (application signalement via GPS) ou optimiser la prospection (en particulier grâce à l’imagerie). Les connaissances actuelles sur le Bois noir doivent également être rappelées et valorisées.
Cependant, les connaissances actuelles ne suffisent pas à expliquer la situation. Des questions de recherche demeurent : existe-t-il d’autres vecteurs ? Y a-t-il un effet climatologique de l’année ? De nouveaux variants du phytoplasme ?