Résultat de recherche
Pépinières Mercier : orientations de recherche
Olivier Zékri, Responsable Innovation et Process chez le pépiniériste Mercier présente les grandes orientations de recherche.
Quelles sont les problématiques pour la filière et la production de plants actuellement ?
Aujourd’hui les vignes dans les vignobles perdent en productivité et en longévité. Le constat actuellement est qu’il y’a bien de la recherche sur les maladies du bois, grâce notamment au plan CASDAR, mais elle a plutôt été confiée aux phytopathologistes, les spécialistes des pathogènes des plantes et des champignons, qui se sont concentrés sur l’esca.
Pour les pépiniéristes, l’important est de pouvoir travailler sur les champs de pieds mères de porte-greffes et de greffons. Par exemple nous aimerions étudier l’aspect réserve, en sucre et en amidon, car souvent nous travaillons sans connaitre le statut physiologique des bois, à part l’aspect visuel, on a peu d’informations sur la qualité même des bois. Actuellement nous sommes capables de savoir si le plant a des maladies, mais nous ne connaissons pas certains critères du bois : taux d’Azote, de carbone etc. L’idée est donc de produire dans le futur des plants avec les bois de très bonnes qualités physiologiques.
Nous allons également nous remettre à étudier les interactions porte-greffe/greffon. En comprenant mieux les mécanismes de soudures, et en améliorant les techniques de greffes. Nous entreprendrons par la suite des travaux sur la fertilisation et l’amélioration de la vie du sol, nous pourrons ainsi continuer nos travaux sur les mycorhizes.
Comment vous adaptez-vous aux conséquences du changement climatique ?
Un des constats est que certains changements climatiques sont des facteurs prédisposants, facilitants ou aggravants ce dépérissement. En tant que pépiniériste nous pouvons donc nous adapter, au niveau des variétés, par la sélection de nouveaux clones, qui seraient plus ou moins précoces ou résistants à la sécheresse. Ce travail se fait avec l’IFV qui sélectionne le matériel végétal mais nous avons aussi un programme interne, les sélections massales UNIK qui est un terrain d’expérimentation.
Un programme Greff-adapt à Bordeaux, travaille également sur les problématiques de greffes et de changement climatique et nous suivons donc ces recherches. Les changements climatiques modifient également les équilibres entre microorganismes et certains peuvent devenir pathogènes alors qu’ils ne l’étaient pas avant. La création variétale est un autre enjeu et nous regardons également ce qui se fait ailleurs dans le monde.
On parle beaucoup en ce moment de Création Variétale et de plants résistants, quels sont ces plants ? Sont-ils disponibles ?
La problématique de la recherche variétale, faite par croisement et hybridation est qu’elle est très longue, on met plusieurs années voir quelques décennies à mettre au point de nouvelles variétés possédant toutes les qualités, tant dans leurs cultures que dans leurs propriétés organoleptiques.
De nouvelles techniques scientifiques, telle que le « génome editing » voient le jour, qui pourrait être une solution tant au plan de la résistance aux maladies qu’au plan de la vélocité de la mise au point des nouveaux plants, cela va également dans le sens de la culture biologique que l’on espère possible à terme pour la vigne. Mais il y a toujours des risques sanitaires certains pour la vigne, et l’on constate l’apparition de nouvelles maladies (GPGV Virus, Xylella fastidiosa…) avec les changements climatiques qui modifient les équilibres des microorganismes, dont certains peuvent devenir pathogènes, comme en Italie dans les vignes et les oliviers. Notre rôle est de continuer à étudier l’évolution de ces microorganismes, nos programmes de recherche portent justement sur la réponse des plants à ces attaques en les aidants avec d’autres microorganismes tels le Trichoderma ou les Mycorhizes.
Une autre partie du plan concerne l’appauvrissement des champs de pieds mères ?
Mercier est déjà dans cette logique, et depuis 5 ans, nous augmentons la surface des cultures des pieds-mères pour bien assurer leurs renouvellements, et afin de pouvoir garder une autonomie de notre matériel de base, sans avoir aucunes dépendances, nous permettant d’avoir ainsi un suivi total de nos plants sans rupture de la traçabilité. 2017, une année de transition pour la viticulture ? Effectivement de grands virages dans les orientations vont être pris notamment sur la résistance et la recherche génétique.
Pour le secteur des pépinières, c’est aussi une année de relance de la recherche en collaboration avec des initiatives publiques, en particulier sur les jeunes plants, qui sont en faveur de l’amélioration générale de la qualité du matériel végétale.
* Interview réalisée le 2 février 2017 par Vignovin.com