L'endothérapie : vers une nouvelle méthode de lutte curative ?
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Depuis 2001 et l'interdiction de l'arsénite de sodium, les seules solutions chimiques à la lutte contre les maladies du bois de la vigne sont des solutions de protection des plaies de taille, dont l'efficacité est limitée. Dans le cadre du programme Euréka, piloté par l'Université de Haute Alsace à Colmar, une méthode de lutte chimique curative est à l'étude : l'endothérapie.
L'endothérapie végétale est une méthode curative, qui consiste à injecter un produit de traitement directement dans le système vasculaire de la plante, épargnant ainsi l'environnement direct. Dans le cas de la vigne, cette technique permet aussi de traiter de façon ciblée les zones d'amadou, qui sont le siège des champignons pathogènes. L'objectif est de mimer l'action de l'arsénite de sodium, dont les modes d'action ont été étudiés et de procéder à un "curetage chimique", par analogie avec le curetage physique qui consiste à retirer mécaniquement les parties malades et le bois mort.
Des dizaines de molécules ont été testées in vitro pour vérifier leurs efficacité sur les champignons impliqués dans les maladies du bois. Les molécules et mélanges sélectionnés sont évalués en conditions réelles dans des parcelles en Alsace depuis deux ans. Afin d'injecter la solution, un trou est foré à la perçeuse dans le cep jusqu'à atteindre l'amadou. On y injecte la solution jusqu'à saturation de l'amadou, le volume varie selon les ceps. Une à deux minutes suffisent pour perçer et traiter un cep. Ciblant directement les champignons dans le bois, les solutions sont peu dosées et contiennent des substances peu voire pas toxiques pour l'homme et l'environnement. Dans les parcelles d'essais, 120 ceps présentant des symptômes sont sélectionnés et traités trois fois au cours de l'année : une fois pendant la dormance et deux fois pendant la période végétative en fonction des conditions météorologiques et des périodes à risque pour l'expression des symptômes.
Les ceps traités sont ensuite suivis agronomiquement et les symptômes des maladies du bois notés chaque semaine. Les premiers résultats de ce travail sont attendus dès 2019. Des essais seront aussi menés sur l'éventuel effet préventifs de certaines molécules et l'expérimentation doit être étendue dès cet hiver à la Bourgogne. L'impact du traitement sur le sol, le microbiote des ceps et traités et leur physiologie à long terme seront aussi évalués et étudiés.
Photos : PNDV 2018
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- Bonne pratiqueAjouté le 18/01/2017