Vigneron à Arrentières (Aube), Xavier Chaput participe au projet Géenvi. Une source d’enrichissement professionnel et personnel, selon lui. 

Tout a commencé il y a environ huit ans, lorsque des vignerons ont constaté une progression de l’enroulement dans leurs parcelles, associé à des problèmes de « petits brins » au printemps. Appelés à la rescousse, le Comité champagne et l’Inrae ont monté le projet Géenvi, afin d’associer chercheurs, techniciens et vignerons. Parmi les objectifs : établir un diagnostic et organiser une prise en charge collective de la lutte.

« Ma participation à ce projet est l’occasion d’apprendre de nombreuses choses sur les virus, les insectes… et les humains ! » résume Xavier Chaput. Être en relation avec des chercheurs de l’Inrae, par exemple, représente une chance à saisir pour ce vigneron. Les prospections de groupe, pied par pied, sont aussi une occasion de travail en commun et de rupture avec le quotidien qu’il a appréciés. « C’est un projet collectif pour notre village », se réjouit-il. Même si cette année, avec le confinement, des réunions n’ont pas pu se tenir, le projet va continuer. Xavier Chaput espère que des échanges pourront être organisés avec d’autres régions, ainsi que des essais pour mieux cerner l’impact de la maladie sur les vins.

Le programme de recherche GeEnvi a permis de jeter les bases d’une gestion collective dans deux coteaux à Arrentières (Aube) et Kienheim (Bas-Rhin), dans un travail associant viticulteurs, interprofessions, IFV et Inrae. Il va continuer cette année avec l’intégration d’un nouveau coteau en Saône-et-Loire, avec la Chambre d’agriculture. Le projet Lutenvi (Lutte contre l’enroulement viral de la vigne par une gestion collective et intégrative), qui vient d’être labellisé par le Plan dépérissement, prendra la suite en intégrant un autre coteau en Bourgogne, dans le Chablisien.

Les nouveaux sites pourront bénéficier de l’expérience alsacienne et champenoise. Ces travaux ont en effet conduit à une connaissance commune et partagée de l’enroulement au sein des groupes. Grâce à des formations à la reconnaissance des symptômes, des prospections et des notations ont été effectuées en groupe et un seuil local d’arrachage a été défini. Des méthodes de cartographie par drone ont aussi été testées. 

Une stratégie efficace et acceptée par tous

Lutenvi va combiner des approches sociologiques, techniques, scientifiques, économiques pour mettre au point une stratégie de gestion collective la plus adaptée localement, c’est-à-dire efficace et acceptée par tous. Mais le projet a aussi pour ambition de produire une méthodologie exportable dans d’autres lieux. 
Parmi les outils qui seront utilisés, une enquête sociologique cherchera à identifier les leviers les plus pertinents pour fédérer les viticulteurs. Des travaux antérieurs ont montré que la formation, la présence d’un leader, l’utilisation de techniques innovantes, comme l’imagerie par drone, pouvaient constituer des critères de motivation. L’aspect économique sera abordé, car il peut constituer un frein à la mise en place de la lutte.
L’accent sera mis sur la formation des professionnels viticulteurs et pépiniéristes, en lien avec les chercheurs et les conseillers techniques. 

Meilleure connaissance épidémiologique

Un volet épidémiologique est également prévu pour diagnostiquer précisément quels virus et quels vecteurs sont présents sur les coteaux impliqués dans le projet. Prospections sur le terrain par les viticulteurs et les techniciens, cartographie (suite à des notations classiques et par drone) et analyses en laboratoire… participeront à définir des seuils locaux de tolérance au-delà desquels il serait préférable d’arracher les parcelles touchées. Ces outils aideront aussi à améliorer les connaissances scientifiques sur la maladie, son émergence et sur sa nuisibilité. La mise au point d’un algorithme de reconnaissance de l’enroulement à partir de l’analyse d’images est prévue.