Matériel végétal et maladies du bois : l'impact prépondérant des contaminations au champ
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L’observation de symptômes de maladies du bois dans des parcelles parfois âgées de moins de 10 ans a soulevé des interrogations quant à une implication du matériel végétal dans le problème. Des travaux menés en France et à l’étranger ont étudié la contamination des plants en pépinière. Il a ainsi été montré que de nombreux champignons se propagent tout au long du processus d’élaboration des plants.
Cependant, à ce jour aucune étude n’a permis de mettre en relation la présence de ce primo-inoculum et les symptômes ultérieurs observés au champ. De la même façon, les questionnements sur la cinétique de contamination post-plantation par le milieu extérieur n’ont pas ou très peu été abordés.
Les analyses effectuées sur des plants issus de greffages herbacés ont systématiquement démontré l’absence totale de champignons impliqués dans les maladies du bois, que ce soit à l’intérieur des tissus, ou sur les écorces. Cela les désigne comme matériel d’étude idéal pour étudier la contamination au champ de plants initialement exempts de ces pathogènes.
En 2012-2013, à partir du même matériel végétal de départ (Sauvignon blanc sur 110R), deux lots de plants ont été produits, l’un en greffage herbacé et l’autre en greffage ligneux. Avant plantation, aucun champignon n’a été trouvé sur les plants issus de greffe bouture herbacée. A l’inverse, le lot témoin en greffage ligneux s’est révélé largement contaminé.
Dès l’année qui a suivi la plantation, les premières mesures ont montré une colonisation des plants par les pathogènes, notamment des espèces de Botryosphaeriaceae, jusqu’à aller vers une convergence rapide des statuts sanitaires des deux lots étudiés.
% de plants hébergeant des Botryosphaeriaceae dans les tissus internes
L’un des objectifs assignés à cette implantation pilote passe également par l’observation et le suivi des premiers symptômes de maladies du bois. Or, durant l’été 2017, une première souche de la parcelle a nettement manifesté de premiers symptômes. En l’occurrence, il s’agit d’un pied issu de greffage herbacé. La survenue de ce premier symptôme est très précoce, la vigne n’étant âgée que de 4 ans et le pied présumé exempt de champignons à la plantation.
De nombreuses questions restent posées suite à ces résultats, concernant l’origine de l’inoculum, les voies privilégiées de pénétration, l’action effective des champignons dans les tissus et leur lien avec d’éventuels symptômes ultérieurs, etc. Ces résultats posent aussi la question de l’efficacité en termes de prophylaxie d’une désinfection poussée en pépinière, considérant le caractère massif et rapide des contaminations à la parcelle. De futurs travaux sur cette parcelle et sur d’autres permettront peut-être de mieux préciser l’ensemble des processus à l’œuvre.
Olivier Yobrégat – IFV Sud-Ouest