CEPS SICAVAC : « Vignerons et pépiniéristes ensemble pour des plants de qualité »

Le centre technique du Centre-Loire, le SICAVAC, travaille depuis de nombreuses années sur différentes méthodes de lutte contre les maladies du bois. Certaines sont préventives comme les travaux sur les différentes techniques de taille non mutilantes (mise en avant de la taille Guyot Poussard) et d’autres sont curatives comme le curetage des pieds exprimant les symptômes d’esca et de BDA ou le regreffage des pieds morts. Ces travaux se recentrent aujourd’hui autour d’une autre problématique, celle de la qualité du matériel végétal comme moyen de lutte préventive contre le dépérissement du vignoble.

Un état des lieux réalisé par des vignerons et des techniciens

Un diagnostic complet des techniques de production de plants, mené par des professionnels du Centre-Loire et des techniciens du SICAVAC a abouti à un constat simple : la filière pépinière viticole s’est orientée vers une stratégie qualifiée de « grandes quantités à faible coût » pour répondre aux attentes vigneronnes. Dans cette stratégie, l’aspect qualité des plants a parfois été placé au second plan. Alors que le taux de renouvellement des vignobles est très différent en fonction des régions viticoles, le marché du plant de vigne présente une segmentation faible de son offre.

Un cahier des charges pour la production de greffés-soudés

Cette réflexion a conduit les professionnels du SICAVAC à rédiger un cahier des charges très strict pour la production de greffés-soudés et elle s’est concrétisée avec la création d’une SAS dès 2014 : le Centre d’Expérimentation de Production et de Sélection du SICAVAC (CEPS SICAVAC).

Ce cahier des charges a été transmis à plus d‘une dizaine de pépiniéristes. Quatre ont répondu présent pour se lancer dans l’aventure et conduire une partie de leur production selon le cahier des charges CEPS SICAVAC.

Le cahier des charges définit le modèle commercial, les engagements des vignerons et aussi les différentes mesures à mettre en œuvre par les pépiniéristes sur :

• L’origine des greffons et des porte-greffes

• Les modes de conduite et pratiques culturales pour les vignes-mères de greffons et de porte-greffes

• Les pratiques lors des différentes étapes de production du plant : le débitage du matériel végétal, le trempage, le greffage, le tri des plants après l’arrachage, la gestion de la traçabilité…

• Les modes de conduite et pratiques culturales en pépinière : la densité de plantation, la gestion de l’irrigation, la fertilisation, la protection phytosanitaire, l’arrachage…

« Une pépinière dans la pépinière », détaille Pierre Morin, vigneron à Bué et président de CEPS SICAVAC pour illustrer les mesures à mettre en place pour respecter le cahier des charges.

Quel modèle commercial ?

Le mode de production exigé représente des investissements importants pour les pépiniéristes partenaires. La marque « CEPS SICAVAC » leur permet de valoriser la démarche et de segmenter leur gamme. Ils gardent toute liberté sur la démarche commerciale, un contrat de distribution sélective est signé avec CEPS SICAVAC, pour l’utilisation de la marque.

Les pépiniéristes doivent uniquement déclarer les commandes fermes faites par les vignerons et CEPS SICAVAC prend en charge la promotion de la marque auprès des vignerons.

Maîtriser l’approvisionnement en matériel végétal

Les vignes-mères de greffons ont été plantées de 2015 à 2017 dans des parcelles auparavant vierges de vignes de l’appellation Coteaux du Giennois. Elles sont gérées par l’équipe de CEPS SICAVAC. La préservation de la diversité génétique présente dans les vignobles du Centre-Loire a permis d’y installer en collection plus de 250 lignées de Sauvignon Blanc, structurées en deux sélections massales : Sélection SICAVAC® Excellence et Sélection SICAVAC® Typicité. Au côté de ces sélections massales, quatre clones agréés (159, 376, 108, 906) complètent l’offre de greffons.

Les vignes-mères de porte-greffes sont exploitées par les pépiniéristes partenaires de CEPS SICAVAC. Leur productivité doit être limitée et les vignes sont nécessairement palissées pour garantir la qualité de l’aoûtement et des bois produits.

Les vignerons s’engagent dans la démarche

« Il faut que nous évitions de commander les plants de vigne comme des cartons », explique Olivier Luneau, vigneron à Menetou-Salon et directeur de la structure.

Les commandes doivent être faites 18 mois avant la plantation prévue. Le surcoût est de 70 à 80 centimes par plant, c’est le prix pour rémunérer les efforts réalisés dans le cadre du cahier des charges au niveau de la production des greffons, des porte-greffes et des pratiques en pépinière. Les premières livraisons seront effectuées en 2018.

Des expérimentations et observations de terrain seront conduites à partir de 2018 pour évaluer les performances des plants CEPS SICAVAC par rapport aux greffés-soudés traditionnels.

Le projet CEPS SICAVAC souhaite renforcer les liens entre vignerons et pépiniéristes pour créer un véritable partenariat et non pas un simple lien fournisseur-client. Cette dynamique permettra de faire évoluer le cahier des charges. Prochaine ambition pour CEPS SICAVAC : implanter des porte-greffes.